C'est une transcription de coupures de presse extraites d’un fonds documentaire appelé « fonds Piette », du nom de l’érudit local Amédée Piette. Cet historien qui a vécu au XIXe siècle avait établi des dossiers documentaires par commune, qui ont été légués aux Archives départementales de l’Aisne après son décès. Le dossier concernant la commune de Tergnier est conservé sous la référence 113 J 61. Ces coupures de presse ne précisent pas de quel journal elles sont extraites.

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s'est dit qu'en achetant de première main toutes      et Cie et la fabrique de faïence crée par M. Au- 
les denrées d'épicerie, elle pourrait faire béné-     guste Mouzin.
ficier ses employés de la différence entre les        A la sucrerie il me suffira de consacrer quel-
prix du gros et ceux du détail; et voilà pour-        ques mots: d'autres établissements semblables
quoi l'économat de Tergnier fournit au rabais,        ont été plusieurs fois décrits à cette même 
à cinq ou six cents personnes, le sucre, le café,     place, et il n'est pas un lecteur du journal qui
l'huile, en un mot tous les accessoires de la         ne sache ce qu'est la râperie, la presse, la car-
consommation ménagère. Et savez-vous à com-           bonatation, les appareils à cuire et à évaporer.
bien s'élève la vente de chaque jour? A sept ou       Disons seulement que l'usine de M. Mention
huit cents francs. Je ne veux supposer que 10 c.      réalise les dernières améliorations apportées à 
de rabais par franc - je n'ai pas eu entre les        la fabrication, et que son outillage résume les 
mains les prix-courants de la Compagnie, -            plus récents progrès en ce genre; triple géné-
voilà 80 fr. d'économie pour une seule journée,       rateur à vapeur, sorti des ateliers européens de
80 fr. qui vont grossir cette richesse puissante      la maison Cail, et de la force de 100 chevaux;
et féconde qu'on appelle l'épargne.                   appareils d'un nouveau système pour la cuis-
   En hiver, l'économat vend également, tou-          son et l'évaporation; produits variant du n° 12
jours à prix réduits, des vêtements, linges et        au n° 23; production de 6.000 sacs en
effets, tout ce qui constitue l'habillement, la       moyenne; emploi de 60 à 80 ouvriers, voilà ce 
chaussure exceptée.                                   que j'aperçois en passant rapidement dans les 
   Veuillez agréer, etc.                              ateliers et dans les cours.
                        Albert Lefranc                   Par sa situation, je crois cette sucrerie,
            ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~                  établie dans le pays depuis dix à onze ans, est
                          Tergnier, 20 juin 1868.     appelée à un bel avenir. A cheval sur le chemin
                                                      de fer, la route impériale et le canal de Charle-
  La gare visitée, il nous reste bien peu de          roi, elle jouit pour ses transports de sérieurx
choses à voir, -  pour le moment; je réserve          avantages. C'est ainsi qu'elle peut obtenir à
toujours l'avenir.                                    dix-sept centimes- moins cher qu'au seuil même
  Un coup d'oeil à la nouvelle mairie et aux          des mines - les charbons d'Anzin et de Demain.
écoles suffit pour nous montrer que les admi-         Ce prix est encore appelé à s'abaisser quand
nistrateurs municipaux de Tergnier sont des           aura été accomplie la grande réforme économi- 
hommes de goûts, d'abord, puis qu'ils ont une         que poursuivie part tant d'efforts individuels,
sérieuse intelligence de ce grand besoin des          mais, il faut bien le dire, si mal secondée officiel-
populations modernes: l'instruction. Les écoles,      lement.
création récente encore, sont très convenable-           La fabrique de faïences de M. A. Mouzin (de
ment disposées pour leur destination; et pour-        grande maison franco-belge du même nom)   
tant je forme le voeu qu'elles soient bientôt trop    n'est guère encore qu'une oeuvre d'avenir. La
petites. M. le maire de Tergnier voudra bien ne       première pierre fut posée en 1866, et c'est 
pas se formaliser de ce souhait, qui prouve ma        à peine si les constructions son achevées. Déjà,
confiance dans l'accroissement du nombre de           cependant, une partie de l'outillage fonctionne
ses administrés.                                      et les approvisionnements de matières prépa-
  De nombreux et importants hôtels, qui forment       rées s'accumulent dans les vastes dépendances;
presque à eux seuls la rue de la gare; des loge-      la fabrication ne tardera plus longtemps à com-
ments suffisant à peine à sa nombreuse popu-          mencer.
lation ouvrière: voilà, pour le reste, cette ville       Ce sera pour le pays une excellente acquisi-    
de briques qui étend peu à peu ses bras de            tion que cette nouvelle industrie, qui emploiera
chaque côté de la ligne de fer. Pressée de            au bas mot deux cents ouvriers, hommes
s'agrandir, elle dédaigne de fonder pour l'éter-      femmes et enfants (les femmes à l'impression,
nité; la brique lui suffit aujourd'hui; quand le      les enfants comme aides). Je comprends, du
travail aura enrichi ses pionniers, la pierre et,     reste, que, désirant fonder en France un nouvel
s'il le faut, le marbre abriteront leur repos vail-   établissement de produits céramiques, la maison 
lamment conquis - otium cum dignitate.                Mouzin ait tout d'abord songé à la position de
  Jusqu'à ce jour, il existe à Tergnier que           Tergnier. Leur usine placée près d'une gare im-
deux établissements industriels de quelque            importante, à laquelle elle est reliée par une voie
importance: ce sont la sucrerie de M. Mention             

                                                                  [cachet Archives de l'Aisne]


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particulière, s'appuyant d'un autre au canal,               10 novembre 1878.       
aura toute facilité pour le transport des matières
premières nécessaires à sa production: les               TERGNIER. - L'agence commerciale
galets de la côte française, les argiles de Belgique  et industrielle, dons nous avons
et d'Angleterre, les kaolins de l'Allier. L'expé-     annoncé la création à Tergnier, sera ou-
dition des marchandises devra aussi se faire          verte le 25 novembre prochain. A par-
avec une très-grande rapidité; chargées directe-      tir de cette date la vente sur échantil-
ment sur wagons, elles arriveront à destina-          lons de grains, graines, houblons et
tion sans transbordement, détail qui a bien son       autres denrées, se fera tous les lundis
importance quand il s'agit des produits qui           de deux à sept heures du soir.
illustrés la passion et les désastres de Dalègre         On sait que cette agence a son siège
[ xxx illisible dû à un pli dans le journal   xxx  ]  chez M. Henri Regouissin, Hôtel-des-
sinon[s] pleines de goût. C'est dire que le nouvel    Voyageurs, où l'on trouvera tout le
établissement de Tergnier fabriquera surtout          confortable nécessaire. Un bureau
des faïences fines; on espère que les premières       télégraphique et une boîte aux lettres
pourront entrer dans le commerce avant la fin         sont à proximité de l'hôtel, duquel
de juillet, et je ne doute pas qu'un excellent        dépendent de vastes écuries.
accueil ne leur soit tout d'abord assuré.                          ~~~~~~~~~~
      Veuillez agréer etc.
                      Albert Lefranc.                                       [cachet Archives de l'Aisne]
            ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
                                                                   - Qui croirait qu'en cer-
                                                      tains moments la gare de Tergnier n'a
Samedi 26 octobre 1878                                pas assez d'eau pour alimenter ses lo-
    Dimanche dernier a eu lieu à Tergnier,            comotives?... Aussi est elle obligée
pour la première fois, la cérémonie de                d'établir, le long de la voie, de Ter-
la confirmation; vers les neuf heures du              gnier à La Fère, une suite de tubes
matin, la procession, composée des en-                conducteurs, un aqueduc, pour dire le
fants des écoles, des jeunes filles en                mot propre, qui lui amènera l'eau de
blanc, des confirmants et des confirman-              la rivière d'Oise. Les tubes sont placés
tes, conduisait Mgr l'Evêque, du pres-                et l'on construit en ce moment le bâ-
bytère à la chapelle provisoire.                      timent où sera installée la pompe à
   La petite église de Tergnier était trop            vapeur.
étroite pour la circonstance, l'adminis-                 Cette eau aura d'ailleurs un avan-
tration du chemin de fer avait mis à la               tage très-grand sur celle des puits et  
disposition de M. le curé l'une de ses                du canal. C'est que moins chargée de
plus vastes halles. C'est là dans cette               carbonates, elle ne fera point de dépôt
halle ornée avec goût et fermée par une               pierreux dans les chaudières.
suite de machines formant un mur                      
inexpugnable, que Mgr conféra le sacre-               13 octobre 1879.
ment de confirmation à cent quinze                       TERGNIER. - Par décret du 13
petits enfants.                                       octobre 1879, un entrepôt réel pour les
   Le recueillement le plus grand n'a ces-            sucres indigènes est accordé à la ville  
sé de régner dans la nombreuse assem-                 de Tergnier sous les conditions déter- 
blée - six à sept cents personnes - sur-              minées par l'article 21 de la loi du 31
tout quand Mgr l'Evêque prit la parole                mai 1846.
et entretint l'auditoire des espérances               
que lui donnait la ville naissante de Ter-            11 novembre 1879
nier.                                                    TERGNIER. - A la suite de l'adju-
   L'après-midi Mgr revint à la Fère                  dication de l'entrepôt des sucres indi-
dans la voiture que M. le général com-                gènes de Tergnier, qui a eu lieu le 11   
mandant la place de la Fère lui avait                 novembre courant, M. le directeur des
offerte et, le lundi 21, il allait à Achery           entrepôts et magasins généraux de Pa-
commune de Mayot, toujours en compa-                  ris, adjudicataire moyennant une rede-
gnie de M. Vincent, sous vicaire-général,             vance annuelle de huit cents francs      
bénir la belle église gothique, chef-                 pendant vingt ans, a fait un don de
d'oeuvre de M. Bénard, l'architecte ar-               cinq cents francs pour l'équipement
chéologue de Saint-Quentin.                           d'une compagnie de pompiers.
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